Mercredi 5 juin, trois conseillers généraux du 92 ont invité les habitants de la Défense à venir débattre de l’avenir du quartier d’affaire. Patrick Jarry, Jean-André Lasserre et Vincent Gazeilles avaient déjà rédigé ensemble la tribune suivante :
Pour un Grand Paris solidaire et durable, une (R)évolution à La Défense est primordiale !
La réunion a attiré plus d’une centaine de personnes dans la brasserie « Les Feuillantines* » située à la Défense 1, dans le quartier des Damiers, métro Esplanade.
• Patrick Jarry, Conseiller général (Groupe Communiste et Citoyen), Maire de Nanterre et administrateur de l’Epadesa et Defacto,
• Jean-André Lasserre, Conseiller général (PS) et conseiller municipal de Courbevoie, administrateur de Defacto
• et Vincent Gazeilles, seul Conseiller général EELV du 92, conseiller municipal de Clamart,
ont échangé avec le public sur la situation actuelle du quartier d’affaires, ses problèmes de financement et de gouvernance et son évolution souhaitable. Au delà des nuances de vision, les 3 conseillers s’accordent à dénoncer la « fuite en avant » du mécanisme obsolète qui régit le quartier (seuls les droits à construire forment les recettes nécessaires à l’entretien des infrastructures), sur la nécessité d’humaniser la Défense et déplorent la lenteur de la prise de conscience, voire la paralysie des autorités face au « monstre » La Défense.
Le public pointe majoritairement, au gré des témoignage, le désintérêt voir le mépris des autorités compétentes pour les 20 000 habitants de la dalle, la dégradation des conditions de transports et du cadre de vie.
Les interventions de Vincent Gazeilles ont porté sur le bilan négatif en terme de développement durable et de qualité de vie du choix de la densité extrême, d’une concentration se traduisant par une congestion généralisée des déplacements, des choix historiques d’aménagement non profitables aux habitants. Vincent Gazeilles a aussi pointé le caractère énergétivore des tours tertiaires de grande hauteur et déploré la persistance d’un modèle économique et urbain révolu.
Jean-André Lasserre a rappelé l’absence coupable de provisionnement des frais d’entretiens et de maintenance de la Défense pendant 50 ans ! La crise et l’évolution de la demande conduit l’Epadasa dans une impasse : les droits à construire sont bradés, les projets surestimés, le projet global manque de pertinence car l’aménagement ne se fait qu’en réaction aux opportunités. Il a dénoncé le déficit démocratique du quartier et appelle le gouvernement à ne pas en rester là.
Patrick Jarry a évoqué le caractère capitaliste fondateur de ce quartier et le zonage d’emblée inéquitable entre le secteur prestigieux de la dalle et ses tours se dressant telle une ile, et le secteur défavorisé de l’arrière cour cumulant les handicaps urbains car supportant les infrastructures et des logements nécessaires au bon fonctionnement de la dalle. Maintenant, « repenser la Défense » est incontournable, et cela passera par les 6 communes qui entourent ce quartier : Non seulement Courbevoie et Puteaux mais aussi Nanterre, Suresnes, Neuilly et la Garenne Colombes.
Parmi les habitants de Puteaux, Courbevoie et Nanterre présents, Christophe Grébert, Conseiller municipal Modem de Puteaux et opposant à la dynastie des Ceccaldi, a réaffirmé que l’avenir de la Défense ne passerait pas par les équipes « rabougries » des municipalités actuelles de Puteaux et Courbevoie.
En conclusion, l’avenir de la Défense passe par le développement de l’originalité initiale de ce quartier d’affaires, qui en fait aussi sa richesse : la place des habitants, ces habitants que la gouvernance actuelle considère toujours, hélas, comme des anomalies… Une réorganisation s’impose, qui implique que les communes qui ont bénéficié sans contreparties des retombées économiques du quartier d’affaires depuis sa création contribuent maintenant aux dépenses d’entretien. Cette responsabilité financière sera logiquement partagée par les propriétaires des 72 tours de bureaux du quartier : le développement économique a aussi été permis par les infrastructures… payées par les contribuables.
Plus qu’une skyline singeant tant bien que mal un modèle révolu, symbole mortifère de la financiarisation du monde, la nouvelle Défense sera démocratique, transparente, solidaire.
Lire aussi en ligne les articles sur le même thème sur les blogs de :
– Une autre ambition pour Courbevoie (avec extraits video du débat)
– Vincent Gazeilles
– Monputeaux.com (Christophe Grébert)
* Les Feuillantines, lieu emblématique s’il en est puisque ce restaurant, pour n’avoir pas accepté les conditions d’expropriation, fait l’objet de pressions inadmissibles de la part de l’Epadesa depuis plus de deux ans. Les participants à la réunion ont pu s’indigner in situ de la palissade opaque de 2 mètres qui bouche totalement la vue sur la Seine – l’un des attraits de la terrasse des Feuillantines. Cette palissade a été posée en avril 2012 lors des opérations de désamiantage des Damiers Infra. La palissade qui arrête l’amiante… presque aussi fort que la frontière qui arrête le nuage de Tchernobyl ! C’est aussi et toujours ça la France… Malgré la fin du chantier de désamiantage, la palissade posée par l’Epadesa reste en place…